Fin septembre, le jour est aussi long que la nuit pour la deuxième fois de l’année. C’est ce qu’on appelle l’équinoxe. Après, la nuit tombe de plus en plus tôt. Cette obscurité permet d’avoir une meilleure vue sur l’économie. On voit quelles entreprises travaillent tard le soir : la lumière est encore allumée chez les comptables, les experts-comptables et les conseillers fiscaux qui rentrent les déclarations d’impôt. Même le week-end, la lumière reste allumée, bien que ce soit moins flagrant.

Mais est-ce encore nécessaire en 2021, en pleine évolution digitale ? Est-ce encore possible à une époque où la gestion du stress est au centre des préoccupations, où le burn-out est l’une des principales maladies professionnelles et où le travail faisable est devenu un droit de l’homme fondamental ? Selon les autorités, travail faisable est synonyme de travail de qualité. Un travail qui vous passionne et vous épanouit. Un travail qui est en équilibre avec votre vie privée. Il n’occasionne pas trop de stress et ne vous rend pas malade. Un emploi faisable est un emploi agréable que vous pouvez conserver pendant longtemps.

Aujourd’hui, ne demandez surtout pas à votre comptable, expert-comptable ou conseiller fiscal s’il a un emploi faisable. Vous mettriez le feu aux poudres. En automne, ils doivent travailler au moins deux fois plus pour tout boucler. Un observateur extérieur pourrait se demander si ce n’est pas plutôt une question d’inefficacité que de contrainte. Les professionnels doivent en effet rentrer leurs déclarations pour début novembre, alors que dix mois se sont écoulés depuis la fin de l’exercice d’imposition.

Mais ne croyez pas que le comptable dispose de plus de dix mois pour déclarer les revenus de ses clients. Tax-on-web, la plateforme avec laquelle la déclaration électronique à l’impôt des personnes physiques doit être rentrée, n’est disponible qu’à partir de mai. Et des mises à jour sont encore envoyées pendant plusieurs mois. Chacune de ces mises à jour implique des ajustements, si bien qu’aucune déclaration d’impôt définitive ne peut encore être envoyée. Par ailleurs, la déclaration d’impôt comprend des chiffres provenant de fiches établies par différents services publics, et il n’est pas rare que les autorités uploadent les dernières fiches fin juin.

Cependant, personne ne niera que le milieu fiscal joue un rôle crucial dans la perception des revenus du pays. Le fait qu’il soit confronté à une pléthore d’obstacles donne lieu à des griefs compréhensibles : le mauvais fonctionnement de Tax-on-web, la communication lamentable à ce sujet par les autorités, la multiplication des obligations administratives (comme la DAC6 et le registre UBO), les déclarations trimestrielles de TVA, déclarations d’impôt des personnes physiques et comptes annuels qui tombent au même moment...

Par souci d’honnêteté, il convient toutefois de préciser que le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V) a accordé en dernière minute un report collectif des déclarations d’impôt des personnes physiques. Comme l’année dernière et l’année précédente. Cela aura demandé beaucoup d’efforts, de sueur, de larmes, d’objections, de pétitions, de questions parlementaires et d’actions d’associations professionnelles.

Le nombre de nouveaux étudiants dans les filières comptables et fiscales est au plus bas. C’est dommage, car toute partie prenante tire avantage de chiffres de qualité. Si vous avez le privilège d’avoir un professionnel du chiffre dans vos connaissances, n’hésitez pas à le soutenir dans une période aussi stressante que celle-ci. Il en fera bon usage. Si vous l’appréciez vraiment beaucoup et si vous avez votre mot à dire dans ce pays, réfléchissez à ce problème de manière structurelle et engagée. Nous éviterons ainsi que les professionnels du chiffre ne deviennent des publicains. La Bible nous apprend qu’ils n’étaient pas appréciés. Chacun tire parti de chiffres corrects et d’un soutien professionnel. Sans eux, le dernier éteindra la lumière.